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Tunis le 17 février 2003
A l’appel de l’Union régionale de l’UGTT (Union générale des travailleurs de Tunisie) de Sfax, et avec la participation de nombreuses ONG et partis d’opposition, une manifestation contre la guerre en Irak partait du siège de l’UR à Sfax (2e ville du pays) ce dimanche 16 février. Dès le départ, elle a été violemment réprimée par des forces de police régulière et en civil qui ont chargé brutalement les manifestants en les frappant à coups de matraques sur la tête, faisant de nombreux blessés. Dix sept d’entre eux, souffrant d’atteintes graves aux membres et de traumatismes crâniens, ont été admis à aux urgences de l'hôpital régional de Sfax. Six personnes, dont une femme gravement blessée à la tête, sont encore maintenues en observation à l’hôpital.
La police a également procédé à une quinzaine d'interpellations. Rappelons que le 13 décembre 2002, une manifestation de solidarité avec l'Irak et contre une éventuelle frappe sur ce pays à l’appel des partis d’opposition et des ONG de la société civile - avait été interdite à Tunis par les autorités pour "raisons de sécurité" et des forces de police avaient quadrillé les principales artères de la capitale toute la journée usant de violences contre les passants.
Le CNLT affirme son entière solidarité avec les victimes de cette répression sauvage.
Il relève que tous les peuples de la planète ont pu exprimer leurs sentiments contre cette guerre injuste annoncée par une puissance qui fait fi de la légalité internationale et entend imposer son diktat au monde. Seuls les peuples de la région arabe ne disposent pas de ce droit élémentaire à s’exprimer par des démonstrations de rue pacifiques.
Il relève également que la puissance américaine qui prétend représenter les intérêts du monde libre est le principal soutien des dictatures du monde arabe qui maintiennent leurs citoyens sous le joug d’autoritarismes anachroniques.
Il dénonce avec la plus grande fermeté cette grande mystification de l’administration américaine qui prétend " libérer " le monde arabe des dictatures et encourage au même moment des " dictateurs présentables " à soumettre ces peuples à leur joug.
Il rappelle aux autorités tunisiennes, signataires des conventions internationales, la Résolution de l'Assemblée générale 53/144 qui stipule notamment dans son article 5 : " Afin de promouvoir et protéger les droits de l'homme et les libertés fondamentales, chacun a le droit, individuellement ou en association avec d'autres, aux niveaux national et international de se réunir et de se rassembler pacifiquement… " Et dans son Article 12 : " 1. Chacun a le droit, individuellement ou en association avec d'autres, de participer à des activités pacifiques pour lutter contre les violations des droits de l'homme et des libertés fondamentales.
2. L'État prend toutes les mesures nécessaires pour assurer que les autorités compétentes protègent toute personne, individuellement ou en association avec d'autres, de toute violence, menace, représailles, discrimination de facto ou de jure, pression ou autre action arbitraire dans le cadre de l'exercice légitime des droits visés dans la présente Déclaration. ". Il exige de l’Etat tunisien le respect de ses engagements internationaux.
Il se félicite du choix fait par la société civile tunisienne qui consiste à exercer ses libertés fondamentales et à les défendre contre toutes formes de terrorisme d’Etat.
Pour le Conseil, La Porte-parole
Sihem Bensedrine
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